" Fin du deuxième millénaire quelque part en Europe. Hercule vétéran de l'Olympe est condamné à revenir sur terre pour réaliser
ses douze travaux. Mais les Dieux ont changé.
Si le lion de Monnaie règne toujours en maître, les incuries d'écolaugias souillent désormais
la planète, Atlas s'ennuie ferme à porter
le monde du commerce et la ceinture
de Mazone est prête à exploser.
Ce que j'en pense :
C'est de l' oeuvre noire. Une galerie de
héros sombres, une bande de douze types
sans scrupules que la promesse d'une grande défonce fait festoyer ensemble. Mais les réveils sont amers. A l'ivresse de la modernité succèdent
les petits matins glauques de la modernitude.
Le scénario est original et s'inspire du mythe d'Hercule ;Hercule vieilli, la peau de lion mangée aux mites, dont le combat contre l'attentisme, l'argent, le consensus, le pouvoir reste plus que jamais d'actualité.
Hercule jamais représenté mais dont la silhouette hante toute l'action, demeure ce héros tour à tour Homme et Dieu : Dieu pour ne pas trop imiter, Homme pour ne pas trop nous juger ; confiant dans
sa force, conscient de ses faiblesses.
La qualité d'écriture est indéniable et offre
aux interlocuteurs des dialogues sur mesure.
La fresque s'organise comme une satire acide de nos aspirations et de nos bonnes consciences modernes. Dommage qu'Erick Vuillier ait tant cherché à délivrer un message plutôt qu'à
le suggérer. Ses préoccupations semblent plus graphiques que picturales. N'empêche, l'univers plastique est cohérent, ses compositions mises à plat, soumises au cadre, fonctionnent et deviennent par leur manque de valeurs, leur absence de perspectives, voire d'esthétisme,
le reflet de la banalisation de nos sociétés. "