J'ai conservé des milliers de livres de mon grand père dont un petit livre qui avait illuminé l'été de mes treize ans La vie héroïque de Georges Guynemer d'Henri Bordeaux. Pendant ce temps là mes copains lisaient les Marvel, Tartine ou Bob Morane. Mais comme nous n'animions pas une émission littéraire nous arrivions à nous retrouver sur d'autres sujets. Bref. Le destin de ce jeune homme à la santé fragile m'avait fasciné.
Puis j'ai lu L'équipage de Kessel et rêvé aux
exploits cinématographiques des as dans
La kermesse des Aigles. Mon grand père ayant été aviateur sur Bréguet 17 dans les années vingt et dans la météo, je m'intéressais à l'aviation, à la météo, je portais ses bottes d'aviateur dont les quarante crochets demandaient méthode et obstination et
m'attelai à la création de bandes dessinées dont le héros était aviateur.
Puis j'ai lu Clostermann, Saint Exupéry…
Le temps a passé, je ne suis jamais devenu
pilote, je suis resté sur la « terre des hommes ». Mon baptème de l'air sur Jodl dont le tableau
de bord était aussi simple que celui de ma mobylette m'a sans doute calmé, ainsi que
les virages sur l'aile et la chaleur dans le cockpit. Mais le rêve d'enfant n'est pas mort. J'ai fait
de la moto. Un succédané qui contient sa part
de plaisir, de danger, d'air et de griserie.
Mais auquel il manque la hauteur de vue, le dépassement des êtres et des choses. Que voulez vous ? Un cheval n'est pas Pégase. Fangio ou Sébastien Loeb ne seront jamais Icare.
Le lion regarde l'aigle voler.