Mes rapports avec Napoléon sont assez ambigüs. J'abhore et j'adore. Entre nous,
le personnage est un peu enflé, mais ce fils
de la révolution a porté dans toute l'Europe
à la fois la désolation et le sentiment national.
Bonaparte : chapeau !
Arcole, Lodi, le Saint Gothard, le code civil, l'Égypte, les Pyramides, les savants, Champollion qui n'a jamais foutu les pieds en Égypte.
Du beau travail, du travail d'athlète.
Puis survient l'embonpoint, la famille
placée aux avants postes, la guerre d'Espagne,
la police, l'esclavage… la Russie, la grisaille.
Reste que le personnage est un grand communiquant. Austerlitz, ça à quand
même plus de panache que le Mondial de foot.
Sainte-Hélène, c'était bien vu dans le genre fin infâme propice à te faire rentrer les deux pieds dans la légende. Même Waterloo ça a de la gueule, avec Grouchy qui mange des fraises
et Bluchër qui se pointe. Toujours plus de gueule que Louis XVIII ou Charles X ou Louis-Philippe qui ressemblent à Balladur, aux bourgeois ventripotents gonflés de tous temps de frilosité,
de suffisance et de manque d'imagination.
Un œil sur les cours de la Bourse, l'autre sur
la montre à gousset. Histoire d'arriver à l'heure
et en propriétaire au père Lachaise. Albert Jacquard dit: «Pour devenir adulte,
il faut renoncer à Napoléon»
Pour moi, le vrai dilemme est : vaut-il mieux avoir raison avec Jacquard ou tort avec Napoléon ?